CHAPITRE X

Imposant par la taille et par l’allure, le commandant Tla faisait les cent pas au pied de la plate-forme de commandement du vaisseau d’Harrar. Sa cape tournoya quand il pivota vers le prêtre et Nom Anor.

— Détruire un de nos vaisseaux était du gaspillage ! Vous auriez dû trouver un autre moyen de placer Elan entre leurs mains.

— D’autres stratagèmes auraient été plus coûteux à long terme, rappela Harrar. D’ailleurs, l’équipage est allé volontairement à sa perte, conscient de l’importance de son sacrifice.

Tla jeta un coup d’œil à son tacticien.

— Avec le respect que je vous dois, Votre Eminence, dit Raff, ce n’est pas un jeu où le vainqueur peut être désigné grâce à sa ruse. C’est une sainte croisade !

— Toutes les guerres relèvent du jeu. Assurons-nous que la défection d’Elan est crédible aux yeux de nos adversaires.

Tla ricana.

— Vous venez d’arriver sur le champ de bataille, prêtre ! Vous sous-estimez les infidèles. Ils découvriront tout avant longtemps.

— Vraiment ? Apprendre qu’Elan a déjà été placée sous protection vous étonnerait-il ?

Le tacticien Raff ne parut pas convaincu.

— Ne vous laissez pas abuser, Eminence. Elan est la première d’entre nous qu’ils capturent vivante.

— Bien entendu. Mais je sais où elle est détenue, et où on l’emmènera.

Tla se tourna vers Nom Anor.

— Grâce à vos agents, Exécuteur ?

— Hélas, non, commandant.

— Comment avez-vous été informé ?

Harrar fit signe à un acolyte qui portait un villip marron clair. Harrar le prit et le serra sur sa poitrine.

— Ceux qui ont capturé Elan furent assez intrigués pour emmener aussi le jumeau de ce villip. Il nous a transmis des rapports complets. (Harrar caressa la crête de la créature de sa main à trois doigts.) Allons, petit, répète-nous ce que tu m’as dit tout à l’heure.

Tla et le tacticien s’approchèrent. Le villip se retourna comme un gant et prit les traits d’Elan.

— Way-land, dit-il.

 

La navette civile Segue filait au-dessus des terres escarpées du continent principal de Wayland. Une forêt dense couvrait les pentes sud du célèbre mont Tantiss au sommet tronqué. A l’est s’étendaient les plaines ravagées par l’explosion qui avait détruit les entrepôts de l’Empereur, plus de quinze ans auparavant.

Un des trois passagers de la navette, Belindi Kalenda était la directrice adjointe des opérations des Renseignements de la Nouvelle République. Elle regarda le paysage défiler sous elle. Un bourg apparut, au pied de la montagne.

— Je suis choquée, dit-elle à sa compagne. Je croyais que New Nystao était plus qu’un hameau !

La jeune femme mince et brune aux yeux espacés, la voix rauque, était dans les Renseignements depuis douze ans. Mais après qu’elle eut déjoué un dangereux complot dans le système de Corellia, son avancement avait été rapide.

La xénobiologiste Joi Eicroth jeta un coup d’œil par la baie.

— C’était un bourg modeste. Maintenant, il y environ dix mille personnes dans le coin. Des Myneyrshi, des Psadans et des humains, en plus des quelque cinq cents Noghris qui ont fondé la communauté.

— Et tout le monde s’entend ?

— Pour le moment.

Kalenda lâcha un petit rire.

— Les Noghris n’ont que mépris pour l’Empereur, mais ils veulent bien vivre sur un monde qu’il a baptisé.

— Rien ne prouve que Wayland ait été le nom de code attribué par l’Empereur à cette planète, souligna le docteur Yintal, assis derrière les deux femmes. A mon avis, les colons humains avaient opté pour cette appellation bien avant que Palpatine choisisse le Mont Tantiss comme caverne au trésor.

Yintal, un petit homme renfermé, était un analyste des Renseignements de la Flotte. Son intervention fit sourire les femmes.

— De plus, à quel autre endroit les Noghris auraient-ils pu empiler de la terre sur une ancienne propriété de l’Empereur ? demanda Eicroth.

— Ce facteur a sans doute contribué à les satisfaire, admit Yintal.

La navette se posa au centre de New Nystao. Les trois passagers prirent leurs affaires et attendirent devant l’écoutille. Wayland les accueillit avec une lumière éblouissante et un air frais et parfumé.

Mélange de styles, la ville offrait un métissage des cultures. Il y avait un nombre étonnant d’hôtels et de restaurants aux alentours du terrain d’atterrissage. Kalenda allait en demander la raison à Eicroth et à Yintal quand le major Showolter arriva dans un antique landspeeder SoroSuub Corvair. Deux Noghris sortirent du compartiment passager.

Showolter portait des lunettes teintées et un poncho produit par l’artisanat local. Il salua Kalenda et serra la main d’Eicroth et de Yintal. Puis il les présenta à Mobvekhar et à Khakraim, les deux Noghris du clan Hakh’khat.

Kalenda regarda le compartiment passagers.

— Tiendrons-nous tous là-dedans ? demanda-t-elle, dubitative.

— Je pensais que nous irions à pied. Ce n’est pas loin.

— Nous vous suivons, major, dit Kalenda.

Les Noghris insistèrent pour se charger des bagages. En chemin, ils croisèrent des Myneyrshi filiformes, des Psadans blindés, des humains, des Bimms, des Falleen et des Bothans se promenant aux abords des hôtels ou se prélassant à la terrasse des cafés.

Intriguée, Kalenda demanda pourquoi il y avait tant de monde.

— Une conséquence imprévue de l’Accord de Debble, expliqua Showolter. Il stipulait que les œuvres d’art volées par Palpatine et retrouvées près du Mont Tantiss seraient mises à la disposition de leurs cultures d’origine. Depuis, des conservateurs de musée et des marchands d’art de centaines de mondes viennent reprendre les artefacts qui ont survécu à l’explosion. Pour loger et nourrir tous ces gens, il fallait des hôtels et des restaurants. Leur expansion a entraîné la croissance du bourg.

— Et la découverte d’autres artefacts culturels, ajouta Yintal.

— Oui. Les chasseurs de trésor sont plus nombreux que les serpents des lianes.

Quand l’équipe des Renseignements atteignit la section noghri de la ville, les habitations primitives des Myneyrshi et les forteresses rocheuses des Psadans cédèrent la place à des huttes de bois et de pierre simples mais bien construites. Le village avait été transplanté là après la démolition du Mont Tantiss.

Un chemin escarpé menait à une habitation noghri que rien ne distinguait des autres. Mobvekhar et Khakraim se postèrent à l’entrée tandis que Showolter escortait les autres dans une pièce sans fenêtre.

— La porte arrière ouvre sur une série de tunnels creusés dans la montagne. Notre transfuge s’y trouve. Son animal domestique est gardé en bas.

— Est-ce le nom qu’elle lui donne ? demanda Eicroth.

— Non, elle l’appelle sa « familière ».

Les quatre agents entrèrent dans la pièce latérale, où la Yuuzhan Vong était en pleine méditation. Au lieu de vêtements exotiques que Kalenda avait vus sur les holos statiques, Elan était vêtue d’un pantalon de jogging et d’un sweat à capuche. En dépit de ses tatouages extravagants, elle était d’une beauté et d’une plastique encore plus frappantes que sur les photos en trois dimensions.

De ses yeux bleu vif, elle dévisagea les arrivants.

— Elan, voici mes associés, annonça Showolter.

— Où est Vergere ?

— En bas. La dernière fois que je l’ai vue, elle mangeait.

— Vous nous avez délibérément séparées.

— Pour le moment.

— Qu’est-elle pour vous, Elan ? demanda Eicroth en s’asseyant sur la couchette.

— C’est ma familière.

Kalenda et Eicroth échangèrent un regard.

— Ce mot n’a peut-être pas le même sens pour vous que pour nous. Vergere est-elle plus qu’une compagne ?

— Elle est aussi cela…

— Une assistante et une camarade ?

— Ce n’est pas une camarade, mais une familière. Vous venez pour d’autres tests ?

— Seulement pour vous poser quelques questions, dit Kalenda.

— Auxquelles vos méprisables détecteurs n’ont pas pu répondre ? Comment une machine pourrait-elle communiquer avec un être vivant ?

Kalenda se força à sourire.

— Disons que c’est un moyen de faire connaissance.

— Les Yuuzhan Vong n’ont pas de tels protocoles. Nous savons qui sont les autres. Notre apparence, c’est notre identité. (Elle effleura ses joues tatouées.) Ce que vous voyez est le reflet de notre être. Vous êtes des imbéciles de penser que je suis autre chose que ce que mon visage et mon corps proclament. Pourquoi me refuser l’asile politique ?

— Les Yuuzhan Vong accepteraient-ils l’un de nous sans hésiter ? demanda Yintal.

Elan lui jeta un regard dur.

— Quand il existe des doutes ou des soupçons, nous avons une technique spéciale d’interrogation.

— A savoir ? demanda Yintal, intrigué.

— Un moyen rapide de découvrir la vérité.

Voyant qu’Elan n’ajouterait rien, Eicroth ajouta :

— Vous avez dit que vous portiez sur vous ce que vous êtes. Parlez-vous des marques de votre corps ?

— Des « marques » ? répéta Elan, lèvres pincées. Je suis une prêtresse de Yun-Harla. (Elle effleura son front, puis son menton à fossette.) Voici le front de Yun-Harla. Et son menton. Ces signes ne sont pas des marques. J’appartiens à l’élite.

— Pourquoi un membre de l’élite abandonnerait-il son peuple ? demanda Yintal.

Elan fronça les sourcils.

— Il existe des dissensions… Tous les Yuuzhan Vong ne sont pas persuadés que nous avons eu raison de nous aventurer ici. Beaucoup pensent au contraire que ce conflit n’est pas souhaité par les dieux. Je suis une prêtresse. Je préférerais que vous découvriez la vérité par d’autres moyens que la guerre.

— Vous n’approuvez pas les assassinats en masse et les sacrifices qui ont ponctué vos campagnes ? demanda Kalenda.

— Le sacrifice est essentiel à l’existence. Les Yuuzhan Vong se sacrifient eux-mêmes aussi souvent qu’ils sacrifient des infidèles. Que votre galaxie soit ou non notre habitat d’élection, nous devons la purifier. Toutefois, nous ne voulons pas votre extinction. Seulement que vous acceptiez la vérité.

— La vérité selon vos dieux, résuma Eicroth.

— Les seuls dieux, dit Elan.

Yintal grogna, dédaigneux.

— Vous n’êtes pas une prêtresse mais une espionne ! Le vaisseau d’où vous vous êtes éjectée a été trop facilement détruit !

— Vergere et moi étions dans la nacelle de survie quand la bataille a commencé. Nous ignorions que le vaisseau serait anéanti. Nous avons eu de la chance de nous éjecter à ce moment-là.

— A supposer, pourquoi vos chefs auraient-ils envoyé un si petit navire contre nous, alors qu’un plus grand était à proximité ?

Elan ricana.

— Dois-je vous juger par rapport à votre taille ? Le petit était le mieux armé des deux. Sinon, pourquoi le grand aurait-il fui après sa destruction ?

— Elle ment, dit Yintal.

Elan soupira.

— Vous êtes une espèce soupçonneuse. Je suis venue vous aider.

— De quelle façon, Elan ?

— Conduisez-moi auprès des Jedi. J’ai des informations sur la maladie.

Yintal approcha de la Yuuzhan Vong.

— Que peut savoir une prêtresse sur cette maladie ?

— Ce n’en est pas une, mais une réaction aux spores coomb.

— Pourquoi est-il si vital que vous rencontriez les Jedi ? demanda Kalenda.

— Rapportez-leur mes paroles. Ils comprendront.

Yintal la dévisagea.

— Nous avons besoin de preuves.

— Je suis là. Quelle autre preuve voulez-vous ?

— Des informations militaires.

— Vraiment ? fit Elan, intriguée.

— Donnez-nous un élément que nous puissions transmettre à nos supérieurs, demanda Kalenda. Si vos affirmations se vérifient, nous serons en mesure d’arranger une rencontre avec les Jedi.

Elan réfléchit.

— Mon ordre travaille étroitement avec les guerriers pour assurer que les augures sont favorables. Nous déterminons les tactiques…

— Alors, dites-nous quelle planète votre armée attaquera la prochaine fois.

Elan allait répondre. Un bruit de porte défoncée l’interrompit, suivi par des hurlements en basique et en noghrien.

Un homme de haute stature s’écrasa contre le chambranle, tomba et se releva. Il portait un uniforme de spationaute. Du sang coulait des déchirures de sa combinaison. Les yeux rivés sur Elan, il inséra un doigt dans une fente, à côté de sa narine droite, et poussa un hurlement yuuzhan vong à glacer les sangs.

— Ilo-ro’ik vongpratte !

Les événements se précipitèrent.

La peau de son visage s’éplucha, révélant des lignes ondulantes. Deux masses gélatineuses jaillirent des jambes de son pantalon, fusionnèrent et s’éloignèrent, telle une coulée d’huile vivante.

D’un bond, Elan s’aplatit contre le mur, les doigts incurvés comme des griffes.

— Un assassin ! cria-t-elle.

Yintal se planta devant l’intrus qui, du dos de la main, lui brisa le cou. Le petit homme heurta Showolter, qui s’écroula aussi.

L’assassin s’apprêtait à attaquer Elan quand Mobvekhar et Khakraim lui sautèrent dessus. Les deux Noghris poussèrent le Yuuzhan Vong contre une paroi. Elan évita d’être renversée en se réfugiant sous la couchette.

Le Yuuzhan Vong s’écrasa contre le mur avec des craquements de mauvais augure. Un instant, les Noghris eurent le dessus. Mais le guerrier se redressa et les repoussa.

Le Yuuzhan Vong sauta sur Kalenda et Eicroth, qu’il renversa comme des poupées de son, arracha le lit du sol et prit Elan par le cou. Il la souleva d’une main, la plaquant au mur.

Reprenant conscience, Mobvekhar bondit, saisit l’assassin par la taille et lui planta ses dents dans le dos.

Le Yuuzhan Vong cria. Poussant Elan, il essaya de déloger le Noghri, mais Mobvekhar tint bon.

Kalenda se releva, étourdie, puis plongea sur l’assassin. Il la repoussa sans difficulté. Kalenda se cogna le crâne et perdit conscience quelques secondes. Quand elle rouvrit les yeux elle vit, à l’autre bout de la pièce, Showolter s’extraire de sous le cadavre de Yintal.

Il sortit un blaster.

Prenant soin de ne pas toucher Mobvekhar, le major atteignit le Yuuzhan Vong entre les omoplates. Une odeur de chair brûlée s’éleva, mais le tueur réagit à peine. Showolter visa la nuque. Les cheveux du Vong prirent feu.

Au troisième coup de blaster, l’assassin s’écroula, les doigts serrés sur la gorge d’Elan. La prêtresse détacha un à un les doigts du type et se laissa glisser le long du mur.

Une explosion ébranla la pièce.

Son comlink bipant, Showolter le tira de sa poche.

— Cinq ou six coraux skippers yuuzhan vong, annonça une voix. Ils mitraillent New Nystao. Le Prompte Vérité est prévenu. Des chasseurs sont en chemin.

Showolter prit Kalenda par un bras.

— Cachez-la dans les tunnels, dit-il, crachant du sang. Tout de suite !

 

A la lisière du système stellaire de Wayland, un vaisseau canonnier yuuzhan vong attendait. Sur le pont, Nom Anor regardait un champ visuel fabriqué par les villips qui surveillaient la bataille entre les coraux skippers et les chasseurs de la Nouvelle République.

— N’en faites pas trop, dit-il aux pilotes des coraux skippers. Juste assez pour les convaincre.

Les Agents du Chaos T1 - La colère d'un Héros
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